Et comment s'adapter ?
4/7/20255 min read


Pendant que nous écrivons ces lignes, les bourses continuent leur mouvement baissier, voire l’amplifient…
Pour ceux qui nous font l’honneur de lire quelques-uns des articles postés ici, vous savez que notre première règle est la diversification. Que vous soyez une famille opérant une entreprise, un portefeuille d’actifs, ou les deux, dépendre d’une trop forte concentration de vos actifs ne peut que vous mettre en risque, si jamais ces actifs sont soumis à des soubresauts, a fortiori exogènes. Donc, nous espérons que vous vous êtes endormis le 1er avril avec un portefeuille diversifié.
Nous avons développé notre anticipation, mais aussi nos incertitudes, dans notre précédent post. Nous maintenons nos principales conclusions dudit post, surtout après avoir passé un week-end studieux à lire ce que prédisent les acteurs majeurs :
• L’USD ne devrait pas s’inscrire dans un mouvement baissier à long terme, même si des soubresauts sont à prévoir.
• Les objectifs d’industrialisation de Trump ne sont pas atteignables dans les 3 ans à venir, et sa propre population souffrira dans l’intervalle. Il ne pourra pas maintenir ces barrières douanières. Donc, on verra des droits de douane, mais pas du tout au niveau annoncé. Certains économistes disent ce lundi que la croissance US pourrait même rester positive en 2025, même si l’inflation devrait augmenter significativement.
• Les taux américains baissent : mouvement de panique (“on achète des actifs sans risque”), mais aussi anticipation d’une récession, qui pourrait ne pas venir. De toute façon, à terme, nous avons développé l’opinion que les taux US devront augmenter, car les déficits macroéconomiques ne seront pas effacés par les droits de douane.
Pourquoi écrivons-nous ceci et avons-nous la crédibilité pour le faire ?
• Nous avions annoncé, de manière très imprudente, une suite au post précédent. Nous avons raté une occasion de nous taire, mais nous pensons qu’il est important de tenir ses promesses. Notre point de vue vaut, et est autant empreint d’incertitude que tous les autres.
• Notre portefeuille a baissé de 1,6 % entre mercredi et vendredi dernier. L’exposition au PE est très forte (env. 50 %), qui n’a, par nature, pas réagi (en dehors de l’effet Forex).
• Nous n’avons rien à vendre (surtout pas !), mais souhaitons donner une perspective à des familles qui passent leur temps à gérer leur propre boîte et ne peuvent pas, en plus, trouver le temps d’analyser en profondeur les conséquences de la situation sur leur portefeuille.
• Ce préalable étant posé, vous pouvez arrêter de lire si cela ne vous convainc pas ;-)
Donc, que faire ?
1. Votre entreprise familiale
Nous n’aurions pas la prétention de vous dire quoi faire, mais en tant qu’investisseur PE, nous aurions tendance à vous dire ce que nous disions en 2007, 2012, 2020, et encore aujourd’hui : (i) préservez votre trésorerie, (ii) revoyez vos projets de CAPEX, (iii) analysez vos risques (que vous vendiez aux US ou non), et (iv) vérifiez la résilience de votre chaîne d’approvisionnement et si elle doit être modifiée. Appelez aussi votre député, peu importe où vous vous trouvez en Europe, pour éviter que les décideurs politiques – portés sur la com et à la courte vue – n’aggravent la situation au-delà du raisonnable.
2. Votre portefeuille de diversification
• Immobilier : Par nature, pas grand-chose à faire. Mais deux choses à surveiller, surtout si vos actifs incluent de l’immobilier non résidentiel : (i) la solvabilité de vos locataires et (ii) votre structure de financement, afin d’éviter un coup dur en cas de choc plus sévère.
• Actifs privés (PE, dette privée, infrastructure, etc.) : Même chose, peu d’actions immédiates à entreprendre. Même si c’est pour nous une classe d’actifs incontournable, la situation introduit évidemment des risques supplémentaires. Le marché du PE comptait sur une reprise du M&A pour relancer les distributions aux investisseurs, et ainsi faciliter des levées de fonds qui deviennent urgentes… Rien de moins certain aujourd’hui. Pour vous, investisseurs, cela signifie que vos engagements ne seront probablement pas financés par des distributions. Assurez-vous que ces engagements n’exercent pas de pression excessive sur votre trésorerie. Revoyez vos plans d’engagement dans les fonds actuellement en levée. Ne coupez pas ! Les meilleurs millésimes sont ceux des périodes de crise, à condition que les équipes soient bonnes. Faites le tri.
• Poche actions : Bon, vous êtes exposés, comme nous tous… Les bases : (i) gardez la tête froide, (ii) ne sortez pas des actifs européens (un peu de fierté, bordel !), et (iii) revoyez vos positions pour évaluer si vous pouvez prendre des bénéfices (ou pertes) stratégiques. Il est peut-être temps de réévaluer votre exposition aux MAG7, surtout en cas de plus-values ? Quitte à revenir plus tard ? Faut-il racheter dès aujourd’hui (lundi 7 avril) ? Beaucoup a baissé. Est-ce que le couteau a touché le sol (puisque les indices européens se redressent de leurs plus bas quotidiens) ? Probablement trop tôt… Ne craignez pas de rater les 2 % de rebond, dans un environnement encore très incertain. Quand vous reviendrez, privilégiez les grandes capitalisations liquides. La volatilité restera élevée pendant plusieurs mois, en attendant les premières statistiques macroéconomiques et les commentaires des entreprises sur leurs résultats du T1 2025.
• Obligations : Cette classe d’actifs a apporté un certain coussin la semaine dernière… Ce qui valide notre mantra : la diversification. Bon, les obligations US ont évidemment souffert du cours du dollar, nous y reviendrons. Si nous avons raison, les taux souverains vont remonter (à cause des déficits actuels et surtout des besoins futurs), en Europe comme aux USA. Ce répit pourrait donc être de courte durée. Nous avons choisi d’en profiter pour alléger nos positions et arbitrer vers de la dette corporate, uniquement Investment Grade. Les spreads s’élargissent, et le high yield a subi de fortes ventes, en raison de la fragilité anticipée des entreprises concernées. Mais nous pensons que la dette de qualité reste essentielle dans un portefeuille bien géré. Pas besoin de vendre activement à notre avis, puisque son poids a de facto augmenté avec la baisse des actions ;-)
• Actifs libellés en USD : Si votre horizon est long terme, vous pouvez attendre, car nous pensons que le dollar remontera. Mais cela pourrait prendre du temps. Si vos actifs sont de courte durée, interrogez-vous : la rentabilité jusqu’à l’échéance (ex. les coupons des obligations US à duration courte) compensera-t-elle la perte de change ? Cela dépend aussi de votre taux d’entrée. Surtout, ne paniquez pas et ne sortez pas du dollar si vous avez des engagements de sorties en USD dans les mois à venir. Même à court terme, le USD offre encore un rendement positif. Mieux vaut éviter une perte de change aujourd’hui pour devoir racheter du dollar dans 6 semaines à cause d’un appel de fonds… En résumé : USD ou autre devise, c’est l’actif sous-jacent qu’il faut analyser, pas la volatilité des devises.
• Métaux et matières premières : L’or baisse. Rien ne se passe comme avant. Mais chaque portefeuille mérite un peu d’or. Sur les commodities, c’est plus complexe : elles baissent car on craint une récession, et elles sont en plus libellées en USD. Âmes sensibles s’abstenir : forte volatilité en vue !
• Crypto-actifs : Bitcoin… combien de porte-avions ? (le boomer en moi a envie de dire : “J’ai l’impression d’être un disque rayé”).
Nous vous remercions d’avoir tenu jusqu’à la fin et serions ravis d’avoir votre avis ! Merci !